Parlons de ce qui se vit au travail
Pourquoi en entreprise, pratiquer une véritable inclusion de l’autre, du collectif, en ouverture d’une séance de travail, d’une réunion…est-il vraiment essentiel? En quoi cela contribue-t-il à prévenir les risques de souffrance au travail, à créer du lien, de la confiance, du soutien et bien sûr de la performance…?
J’ai animé récemment en Codéveloppement, un groupe d’experts. Nous en sommes au début du cycle et déjà, je les observe interagir différemment de ce qui s’était amorcé en séance 1. De fait, mon plaisir, la magie du codéveloppement qui permet à des individus de vivre ce moment sans jeux d’acteurs !
Passé cet instant “réjouissance”, je suis interpellée par ce qui est mis en travail une nouvelle fois.
En effet, il est ici question d’un retour au travail après plusieurs mois d’absence pour “burn out”. Le contexte : il y a quelques mois, un collègue a perdu son épouse. Il était chargé en activités, on l’a beaucoup sollicité, il s’est également volontiers proposé pour faire davantage… En réalité, le collectif a bien senti un risque pour sa santé mais l’obéissance, la discipline, la peur de poser une voix divergente ont eu raison du soin de l’autre. Comme c’était prévisible, il a perdu pied et a été arrêté pendant 6 mois. Il revient sur site la semaine prochaine. Rien n’est vraiment prévu pour son retour, la crise sanitaire n’aide pas.
L’individu et son intégration dans le collectif : la base!
Comment l’accueillir, comment le soutenir, comment maintenir le lien à distance et lui exprimer du soutien sans être intrusif, infantilisant ? Evidemment, le “client” du codéveloppement aimerait qu’il ne soit pas trop tard une seconde fois. Il aimerait identifier les signaux faibles et apprendre de ce loupé à titre individuel et pour le collectif. En réalité, le “client” sait que le système aurait pu agir différemment. C’est le sens de sa demande : comment faire autrement ? Que peut on se permettre et dans quelle mesure ?
Comme souvent dans l’organisation, il s’agit d’anti-relation ou comment, par négligence, par indifférence voire par méconnaissance, on peut “rater” un.e collaborateur.rice, collègue en difficulté, en fragilité.
Je veux partager ici pourquoi investir l’inclusion permet d’apprendre à faire collectif en accueillant la singularité de l’individu. En premier lieu, cela permet de se reconnaitre individuellement et mutuellement. Selon moi, inclure c’est porter une attention délicate, faire hospitalité* quand on est en présence de l’altérité de l’autre. A l’hôtel, c’est le lobby, l’endroit qui nous accueille avec nos histoires immédiates de voyage, de transfert, nos préoccupations, nos espoirs….
Prendre en compte n’est pas prendre charge
Il est clair que la fonction du manager, du collègue ou du collectif n’est pas de “traiter ou de prendre en charge”.
Simplement: être au contact de l’autre, c’est surtout entrer en contact avec lui,. Comme une sorte “d’hygiène”, “d’écologie” de la relation professionnelle. L’idée est admise que “bonjour” précède l’échange: ainsi l’accueil réel, le contact, ouvert devrait précéder les échanges des temps collectifs de travail…
De fait, dans l’entreprise, l’accueil ne doit pas être une pratique des seuls coachs & autres accompagnants. Réellement, il permet de travailler là ou souvent le travail fait mal : absence de reconnaissance*, exigences émotionnelles, soutien social…
Je n’entends pas donner de conseil, juste peut être faire une halte sur l’importance d’investir véritablement, dans le dur, un espace, un moment d’INCLUSION, dans nos pratiques et interactions managériales, de parité mais également relationnelles. Car “Travailler , ce n’est pas seulement produire, c’est aussi vivre ensemble”*.
« Inclusion” de quoi s’agit-il concrètement ?
Souvent, dans les formations RPS que je dispense, l’on me demande des “outils qui servent à détecter, à prévenir la souffrance au travail…” En tout état de cause, l’inclusion est puissante, opérante et participe à la prévention. En effet, nous sommes relié.es à nos communautés de travail par des interactions, des coopérations mais aussi des liens “invisibles” qui forment un “soutien social”, qui participent à la reconnaissance* de l’autre, de son identité professionnelle, de ce qu’il est. Comme le pose Will Shutz, le fondateur de l’Element Humain, “l’inclusion désigne le désir de recevoir de l’attention, d’interagir, d’appartenir, d’être unique”.